Conflits fonciers autour de l’activité hévéicole dans la sous-préfecture de Daoukro (centre-est Côte d’Ivoire)
- 26 mars 2023
- Publié par : admin
- Catégorie : Baobab N°22
Auteur(s) : OURA Kouadio Raphaël
Géographe rural Centre de Recherches pour le Développement (CRD)
Université Alassane Ouattara de Bouaké
ouranien@yahoo.fr
KOFFI Yao Jean Julius
Enseignant-chercheur
Département de géographie
Université Alassane Ouattara de Bouaké
yao.julius@ird.fr
KOUAME Kouamé Félix
Doctorant, géographe
kouamekanfelix87@gmail.com
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Mots-clés : Crise cacaoyère, migration de retour, hévéaculture, conflit foncier, Daoukro
(Centre-Est Côte d’Ivoire)
Résumé : La décennie 1980 a été marquée en Côte d’Ivoire par une crise cacaoyère. Cette crise, fortement ressentie à Daoukro du fait du vieillissement des vergers, de la sécheresse, des feux de brousse et de l’appauvrissement des sols, a favorisé le délaissement de cette région par les paysans au profit de l’ouest ivoirien, la nouvelle boucle du cacao. Plus de deux décennies après, on assiste à un retour des mêmes paysans à Daoukro, pour la pratique de l’hévéa. Mais le développement de cette spéculation, sensée être une opportunité dans la souspréfecture, engendre des conflits entre les acteurs. Cet article analyse les préoccupations liées actuellement à l’activité hévéicole notamment les crises foncières. La méthodologie a impliqué principalement une enquête auprès de 70 paysans répartis dans quatre villages et un guide d’entretien administré aux responsables de la Société Africaine des Plantations d’Hévéa (SAPH) et aux autorités administratives et coutumières. Les résultats de la recherche révèlent que l’intérêt accordé à cette culture par les paysans et même des fonctionnaires, a engendré une course à la terre dans la région. Il en est résulté une raréfaction des terres et une augmentation des tensions foncières. Ces tensions sont surtout de types intrafamilial (82%), inter-villages (11,1%) mais aussi autochtones/migrants (6,9%). Elles se manifestent par la destruction de cultures, des interdictions de mettre les pieds sur les parcelles et des disputes autour de la terre. Ces conflits sont si récurrents que les paysans recourent régulièrement aux autorités coutumières (71,67%), administratives et judiciaires (28,33 %) pour les régler.
Abstract : The 1980s were marked by a cocoa crisis in Côte d’Ivoire. The effects of this crisis were strongly felt in Daoukro due to the maturity of orchards, drought, bush fires and soil impoverishment. This situation caused the abandonment of this region by the peasants in favour of the Ivorian western part, the new Cocoa loop. More than two decades later, the same peasants returned to Daoukro to grow rubber tree. But the development of this speculation, thought to be an opportunity in the sub-prefecture, has created conflicts between the actors. This article analyzes the current concerns related to rubber tree activity, including land crises. The methodology has mainly involved a survey of 70 peasants in four villages and an interview guide to the heads of the African Society of Rubber Plantations (SAPH) and the administrative and customary authorities. The results of the research have revealed that the interest attached to this culture by farmers and even civil servants has led to a land race in the region. This has resulted in a depletion of land and an increase in land conflicts. These tensions are mainly intra-familial
(82%), inter-village (11.1%), but also opposed natives and migrants (6.9%). They are manifested by the destruction of crops, the prohibition to set foot on the plots and disputes around the land. These conflicts are so recurring that farmers regularly resort to customary (71.67%), administrative and judicial authorities (28.33%) to settle them.