Le rite sacrificiel comme défiance dédaigneuse de la Providence divine
- 9 avril 2023
- Publié par : admin
- Catégorie : Baobab N°30
Auteur(s) : Bledé SAKALOU,
Département de philosophie
Université Félix Houphouët-Boigny
bledesak@gmail.com
Résumé : Quand Adam et Eve transgressent l’interdiction divine et goutent au fruit de la connaissance et que Prométhée dérobe la technique du feu à Zeus pour le compte des humains, les sources grecques et judaïques du péché originel nous enseignent que ces figures
mythologiques, au-delà de l’idée qu’elles se sacrifiaient pour la cause des humains, prédestinaient ainsi l’espèce humaine à la précarité existentielle. Elles faisaient de l’homme une espèce soumise aux affres de la maladie et vouée à une mort certaine. En l’espèce, l’horizon de la faute ou de la culpabilité commence avec la nécessité de la décision et avec celle-ci, débute à son tour le destin. Œdipe, héros grec dans l’œuvre de Sophocle croit pouvoir échapper à son destin en quittant Corinthe sa ville pour Thèbes. Mais son irrémédiable et implacable destin s’y accomplira malgré tout. C’est à croire en définitive que le caractère
tragique de la condition humaine consiste en une partie de yoyo au cours de laquelle les humains sont en proie à un évènement qui met en jeu leur liberté et qui se joue tout aussi bien de cette liberté en la leur projetant sous ses caractéristiques sensibles mais en vérité illusoire.
Pour sûr, de l’avis d’Herbert Marcuse, l’homme qui se laisse dissoudre dans l’abandon de soi à travers le sacrifice est pris dans un rouet vertigineux où son propre acte « se subordonne à une élection de type ordalique entre jeu tragique et recherche légitimante d’un destin. » D. Le
Breton (1991, p.104)
Abstract : When Adam and Eve transgress the divine prohibition and taste the fruit of knowledge and Prometheus steals the technique of fire from Zeus on behalf of humans, the Greek and Judaic sources of original sin teach us that these mythological figures, beyond from the idea that they sacrifice themselves for the cause of humans, thus predestined the human species to existential precariousness, they made man a species subjected to the throes of disease and doomed to certain death. In this case, the horizon of fault or guilt begins with the necessity of the decision and with this, in turn, fate begins. Everything ultimately leads to believe that the tragedy of the human condition consist of a game of yoyoing during which man is confronted with an event which brings into play and at the same time plays with his freedom by returning it to him under his control traits and characteristics sensitive but in truth illusory. Indeed, the man who consumes himself in the abandonment of himself is as if caught in a vertiginous spinning wheel where his own sacrifice is subordinated to an election of the ordeal type between tragic game and legitimizing search for a destiny.