De l’art épistolaire à l’écriture de sublimation : Une si longue lettre de Mariama Bâ
- 6 avril 2023
- Publié par : admin
- Catégorie : Baobab N°26
Auteur(s) : Gnabana PIDABI
gnabalex2@yahoo.fr
Ecole Normale Supérieure (ENS) d’Atakpamé
Télécharger l'article
Mots-clés : l’art épistolaire, l’écriture de sublimation, la polygamie, l’émancipation de la femme, le poids de la religion, l’éducation
Résumé : Mariama Bâ, tout comme Madame de Sévigné au XVIIè siècle, a choisi d’entrer dans le monde littéraire par le truchement de l’art épistolaire. A travers ce genre, l’auteur a su rendre pathétiques les faits et agissements quotidiens de la société sénégalaise. La correspondance, destinée à Aïssatou par prétexte, est plutôt une fresque qui peint tous les aspects sociopolitique, économique et culturelle de l’Afrique. Les thèmes tels que l’émancipation des femmes, la polygamie, le poids de la religion, l’amitié et l’éducation y ont été abordés. L’étude donne à voir que l’auteure a sublimé son écriture à travers moult
procédés. L’écrivaine a transformé des pulsions internes en sentiments élevés tout en développant des valeurs morales irréprochables. Le principe de l’échange épistolaire a été un moyen pour l’auteure de recourir au dialogisme qui repose sur l’usage du « je » et « tu ». Ce
dialogue, loin de se confiner dans l’intimité entre la narratrice et Aïssatou, la destinataire, s’ouvre, par le biais du pronom « tu », à un second destinataire, le mari décevant, puis à un troisième, le lecteur, solidement ouvert au progrès. Tout comme Aïssatou qui a su, très tôt, s’extirper des méandres de la vie polygamique grâce à son instruction, Ramatoulaye, la narratrice, a su résister à l’avalanche de prétendants rapaces simulant venir à la rescousse d’une veuve.
Abstract : Mariama Bâ, like Madame de Sévigné in the 17th century, chose to enter the literary world through the medium of epistolary art. Trough this genre, the author has managed to make pathetic the facts and daily actions of Senegalese society. The correspondence, intended for Aïssatou on the pretext, is rather a fresco painting all the sociopolitical, economic and cultural aspects of Africa. Themes such as women’s emancipation, polygamy, the weight of religion, friendship and education were discussed. The study shows that the author sublimated his writing through many processes. The writer has transformed inner drives into high feelings while developing irreproachable moral values. The principle of the epistolary exchange was a means for the author to resort to the dialogism which relies on the use of “I” and “you”. This dialogue, far from being confined in the intimacy between the narrator and Aïssatou, the recipient, opens, through the pronoun “you”, to a second addressee, the disappointing husband, then to a third, the reader, solidly open to progress. Just like Aïssatou, who was able, very early, to extricate himself from the meanders of polygamous life thanks to his education, Ramatoulaye, the narrator, knew how to resist the avalanche of rapacious pretenders simulating to come to the rescue of a widow.